Le corps & ses enveloppes sont mon terreau. Qu'il s'agisse de l'habit ou de l'habitat, les enveloppes souples ou rigides qui recouvrent le corps -le protègent ou l'agressent-, engendrent plis et habitudes, gestes et postures. Dans ce vivier de formes de vie se racontent les relations du corps à son milieu, et au monde.
Ce sont ces modalités de relations qui innervent mon travail. Elles s'ancrent dans la perméabilité et la fluidité des mots et des espaces, proches ou lointains, intimes ou collectifs, gravitant autour du corps.
Le terme d’“habitation” provient du latin habitatio et exprime le “fait d’habiter”, la “demeure”. Le mot “habituer” a longtemps signifié “habiller”, comme son étymologie latine le laisse entendre, mais habituari veut aussi dire “avoir telle manière d’être”, et celle-ci dépend pour beaucoup des vêtements… *
Cette porosité des étymologies ouvre le champ des possibles. Comment l'emploi du patron de couture, du plan d'architecture, de la cartographie, peut-il participer de cette topographie du corps & de ses enveloppes ? Quels sont les enchaînements de postures et de gestes plastiques, qui vont permettre de saisir, d'affiner, voire de réparer les contours d'une relation au monde toujours plus complexe ? Quelle perméabilité, imprégnation ou contagion des motifs, va pouvoir cerner et qualifier les enjeux de cette relation ?
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Raconter des histoires
Ces 2 axes ont guidé ma pratique. En tant que scénographe, en tant qu’illustratrice. Des pratiques qui relèvent également du collectif et de la commande. Interagir avec un texte, un auteur, des comédiens, des contraintes spatiales ou éditoriales.
La question d’une pratique personnelle détachée de ces cadres a longtemps été reléguée au second plan. Mais l’occasion m’est donnée, à travers le collectif Frop, d’y revenir.
Les questions d’environnements sont venues à moi à travers l’édition (3 ouvrages illustrés aux Éditions rue de l’Échiquier). J’ai rencontré des auteurs engagés qui m’ont entrainée dans leurs visions.
Quel lien autre que l’illustration puis-je nouer avec ces problématiques ? Comment puis-je les rencontrer tout en renouant avec une pratique personnelle en demi-sommeil ? Il est temps de se réveiller !
Attachée à la figuration, aux images populaires (ex-votos, images d’épinal, cartes à jouer) mais aussi à l’interaction avec le public, comme dans le spectacle vivant, je tente de déplacer ces formes vers des hybridations : des dessins qui deviennent mises en espace photographiques, des icônes qui se couchent sur des feuilles d’arbres, des sculptures végétales qui se projettent et forment devant nos yeux d’autres dessins…