Mon adolescence de fille qui a un peu de paille dans ses sabots ! À la campagne je faisais tout : curage des box, graissage des selles, pansage des bêtes et je montais ensuite. Ma préférence allait au dressage, j'aimais bien aussi le saut d'obstacle et galoper dans les champs.
Je rejoignais chaque weekend une ferme où mon voisin montait quotidiennement son cheval. Il m'y conduisait dans une vieille Jeep décapotable. Nous partions accompagné de ses deux chiens ; un teckel aboyeur dont j'ai oublié le nom, et un dalmatien prénommé Rapide, sorte pot de colle un peu fou-fou et pas très malin.
Ce voisin cavalier était prof à l'ENSAAMA. Il dessinait et sculptait à merveille les chevaux. Par respect pour sa monture, il partait monter toujours tiré à quatre épingles : jodhpurs, cravate, gilet en tweed, veste cintrée et bottes impeccables. Il avait été l'élève de Nuno Oliveira, un écuyer portugais de renom.
L'image ci-dessous n'est pas un cliché personnel. Ce cheval ressemble à celui qu'il montait et que j'ai eu l'honneur de monter une fois. Il avait une bouche à la dentition un peu particulière : des dents de lapin :-)
Tout cela s'est cassé la figure après 1984. Arrivée sur Paris, j'ai testé La Villette, Vincennes. Mais monter un cheval passant sa journée à tourner en rond ne m'intéressait plus. Et puis j'ai commencé à être habitée par un profond sentiment de déclassement qui m'a fait prendre mes distances par rapport à la gente équestre parisienne.